Gravure, aquarelle, pastel, acrylique, sculpture – et stylo bille – c’est en artiste accomplie qu’Inès Gougeon a abordé l’enluminure. Elle met aujourd’hui les techniques anciennes, sur parchemin avec des pigments naturels et de la feuille d’or, au service de ses créations modernes. Sur commande, elle réalise aussi des copies et des interprétations de motifs traditionnels.
Comment avez-vous découvert le métier d’enlumineur ?
Je dessine, je peins depuis toujours. Après mon Baccalauréat, j’ai fait une formation dans le tourisme, avant de travailler dans les musées d’Angers. Pendant cette période, une personne de mon entourage m’a parlé de l’enluminure, je n’y connaissais rien mais cela m’a intéressée. En me renseignant de plus près, je me suis dit que cela pouvait tout à fait me correspondre et je me suis lancée. Il n’y a qu’une seule école en Europe qui délivre un diplôme reconnu en tant qu’enlumineur : l’Institut Supérieur Européen de l’Enluminure et du Manuscrit, à Angers. Après un entretien, j’ai été sélectionnée et j’ai débuté ma formation en 2012.
Qu’aimez-vous dans ce métier ?
J’aime les techniques que l’on utilise, je suis fière de faire ce métier pour sa difficulté. Tout réaliser au pinceau et à main levée, ce n’est pas donné à tout le monde. Je suis par ailleurs perfectionniste, mes lignes droites doivent être parfaitement droites, il ne va pas y avoir de partie plus épaisse que l’autre. La pose de la feuille d’or n’est pas évidente non plus. C’est pour moi un honneur d’exercer ce métier, qui est rare. On passe parfois des heures et des heures sur des œuvres et parfois on n’en peut plus… J’ai appris la patience ! Mais quand le travail est fini, j’en suis fière !
Quelle est votre clientèle ?
Je crée plutôt pour des particuliers. J’ai également travaillé avec des petites boutiques d’artistes et d’artisans à Paris. Ils achètent mon travail, et vendent ensuite mes créations au prix qu’ils souhaitent. J’ai déjà pensé à démarcher des sérigraphes, mais entre-temps j’ai fermé ma boîte, donc cette idée reste pour l’instant en suspens. J’ai également démarché des châteaux, auxquels je vais proposer mes créations qui seront vendues en boutique, ce serait une belle idée.
Conservez-vous un style médiéval, ou avez-vous créé un style moderne ?
Je suis plutôt moderne dans mes créations, j’ai voulu m’éloigner un peu du style médiéval pour me démarquer des autres qui font majoritairement un style classique. De plus, j’avais déjà mon univers artistique assez moderne avant de devenir « Enlumineurs de France ».
Est-ce un art intemporel ?
Je pense que le métier d’enlumineur ne disparaîtra pas. Nous sommes en 2020, et ce métier existe encore ! L’enluminure peut être très moderne, avec l’enluminure et la calligraphie on peut créer des œuvres vraiment contemporaines. Je ne pense pas que ce métier disparaisse, sinon … ce serait déjà le cas ! Nous sommes très peu à être « Enlumineurs de France », comme moi. Mais si vous cherchez bien, vous verrez qu’il y a beaucoup de personnes qui s’improvisent enlumineurs. Je dis «s’improvisent » car elles n’ont pas les bonnes techniques et font leurs peintures à la gouache, ce qui n’a rien à voir avec les pigments. Mais elles permettent au métier de perdurer. Alors bien sûr, quand je les vois donner des cours d’enluminure avec de la gouache, je trouve que c’est un peu aberrant, mais c’est bien que le métier et cette technique continue aussi grâce à eux.
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Interview réalisée par : Philippine Danbricourt, Margaux Vieilledent, Pierre Garet, Florence Vitalli, Manon Autissier