D’un naturel timide, voir même un peu sauvage quelques fois, Clarisse Debout est une artiste hors-cadre, au sens noble du terme. L’image a toujours été son truc, mais elle s’est longtemps senti limitée par la photographie traditionnelle. Pourtant elle a pris son temps avant de décider de faire de sa passion un métier. Lorsqu’elle découvre la photographie mobile, la discipline devient pour elle comme une addiction. Observer, regarder, elle aime focaliser son attention sur un point précis, un détail, celui qui fait la différence bien sur ! Surtout sensible à la lumière, aux contrastes et aux ambiances, le sujet même s’il a son importance est souvent relégué au second plan. Son travail est instinctif et plein de sensibilité. Ses photos ressemblent à des toiles de maîtres. Talentueuse, elle a su imposer son style et son esthétisme au travers d’images pleines de poésie où se mêlent authenticité et émotions. Mais pour l’heure, elle est comme nous tous, impatiente de pouvoir retrouver sa « liberté » et la nature pour se remettre à faire des photos !
LCV Magazine : Comment allez-vous Clarisse, et comment avez-vous vécu votre confinement ?
Clarisse Debout : Ca va, je vous remercie, même si les deux premières semaines ont été difficiles et très anxiogènes car comme je somatise beaucoup, j’étais persuadée d’avoir été infectée par ce virus. Ensuite les repère se sont doucement mis en place je dois l’avouer. Cela étant, j’ai tout de même hâte que tout ceci ne soit plus qu’un mauvais souvenir.
LCV Magazine : Votre regard sur le monde et sur l’humain a-t-il changé ces dernières semaines ?
Clarisse Debout : Honnêtement non. J’ai depuis toujours un regard humaniste sur le monde. En revanche le comportement des gens m’inquiète. Ils sont souvent malgré les circonstances égoïstes et irresponsables.Ils font également preuve de nombreuses in-civilités… Bref, tout cela manque à mon goût de constance. Est parce qu’ils perdent pieds et qu’au fond ils sont plus fragiles qu’on ne le pense ? C’est possible ! Mais c’est très angoissant pour moi.
LCV Magazine : Comment occupiez-vous vos journées ?
Clarisse Debout : Globalement, j’ai beaucoup de mal à me concentrer, a regarder un film ou à lire, donc les premiers temps, je dormais beaucoup comme pour m’abrutir en quelques sortes. Ces dernières semaines, cela allait mieux, mais globalement j’ai la sensation d’être comme en hibernation, d’avoir mis mon esprit et tout mon être au repos.
LCV Magazine : Comment appréhendez vous l’après confinement ?
Clarisse Debout : Non, car personnellement le confinement ne me dérange pas. En revanche, j’ai bien peur que les gens reprennent rapidement leurs vies là où ils l’avaient laissée, avec toutes leurs mauvaises habitudes. A mon sens l’humain déteste le changement et n’est pas encore prêt à réellement se remettre en question. Certes, on parle de prises de conscience, et j’espère sincèrement qu’elles sont réelles, mais si changement il doit y avoir ce ne sera certainement pas après deux mois de confinement mais plutôt sur les générations à venir qui elles je l’espère appréhenderont le monde de manière différente et plus responsable dans un certain sens. Reprendre ses habitudes est aussi une façon de se rassurer… Il suffit de repenser aux attentats auxquels nous avons fait face en France et aux Etats-Unis notamment, la solidarité et l’empathie des premiers temps à très vite disparue hélas ! Reprendre ses habitudes est aussi une façon de se rassurer…
LCV Magazine : Qu’est ce qui vous a manqué le plus ?
Clarisse Debout : Pouvoir sortir, faire des photos – ce que hélas je n’ai pas pu faire depuis deux mois-, aller marcher dans la nature, m’allonger dans l’herbe, observer, toucher les arbres.
LCV Magazine : Quels « petits bonheurs » vous ont aidé à tenir ?
Clarisse Debout : Mon fils, mon chien, et avoir pu chaque matin sortir un moment pour voir le soleil et respirer.
Merci à Carole Schmitz pour cet interview... <3