Personnage charismatique et haut en couleur, Pascal Emonet est un musicien suisse. Ayant été trombone solo de l’Orchestre de Chambre de Genève durant plus de vingt ans, cet artiste libre d’esprit est autant passionné par l’enseignement que par la création. Professeur de trombone au Conservatoire Cantonal de musique de Sion depuis de nombreuses années, c’est à l’instinct et “pour préserver son âme” qu’en parallèle, il s’est lancé dans la direction d’orchestres. Il est également à l’origine de la “Fanfaribole”, une fanfare de rue, pour laquelle il crée les spectacles qu’il dirige aussi ! Confidences sur son confinement.
LCV Magazine : Comment allez-vous Pascal ?
Pascal Emonet : Je vais bien. Ni plus ni moins. “Bien”, car privilégié par mon lieu de vie, “moins” car dépendant d’un diabète type 1 depuis 2 ans, donc ce serait quand même mieux que je n’attrape pas le Covid-19 😉
LCV Magazine : Où êtes vous confiné ?
Pascal Emonet : Chez moi en Suisse, à Ravoire – un village situé à 1000m d’altitude – d’où j’ai une vue imprenable sur les montagnes et sur la Vallée du Rhône.
LCV Magazine : Comment vivez-vous votre confinement ?
Pascal Emonet : Je le vis vraiment bien. J’ai toujours aimé passer des journées “à ne rien faire”, sans horaire. Je vis seul dans une grande maison, avec Manou, une chatte extraordinaire ! Et puis ma compagne Guylaine (qui travaille “sur le terrain”, en milieu hospitalier) habite tout près. De plus, je peux toujours enseigner la musique à distance, alors je ne peux pas me plaindre.
LCV Magazine :Comment occupez-vous vos journées ?
Pascal Emonet : La première chose que je fais le matin, avec mon café, c’est de regarder Euronews. Là je me dis : ”moi ça va…” J’ai toujours ressenti que la mort d’un enfant en Afghanistan ou au Bangladesh avait la même valeur que la nôtre. Or là, force est de constater que les guerres, les migrants et toutes les inégalités ainsi que les souffrances de ce monde ont totalement disparus. Comme si il n’y avait que ce virus qui existait. Sans parler de tous les pays dont on ne parle jamais… Sinon, je lis beaucoup. J’adore ça ! Je vous recommande d’ailleurs “Rhapsodie des oubliés”, le 1er roman de Sofia Aouine. Sinon, en temps normal, je regarde énormément de sport à la TV, j’en suis passionné. Mais dans ce domaine, hélas, rien ne se passe en ce moment, c’est triste. Bien sûr, je suis l’actualité chaque jour, mais j’essaie surtout de vivre le “moment présent”. Le privilège que m’offre la vie à la montagne, je m’en rends bien compte. Alors je fais de longues balades en forêt, à pied ou en VTT; je ne croise personne, je profite du soleil… Depuis le début du confinement, je pense régulièrement à mon parcours de vie, les joies, comme les douleurs, réapparaissent telles que je les ai vécues…. Je me sens aussi très en lien avec tous les êtres chers que j’ai perdus… C’est dans ces moments, et dans les moments passés en forêt, que j’invente mes futurs projets. Aussi, comme je dois tout le temps surveiller mon diabète, je prépare mes repas en faisant attention. Bon, je m’autorise tout de même quelques bons verres de vin blanc pour garder le moral 🙂
LCV Magazine : Depuis le confinement vous poursuivez vos cours de trombone, mais depuis la maison. Comment cela se passe-t-il avec vos élèves ?
Pascal Emonet : Très bien ! J’enseigne via Skype ou FaceTime, à raison de 35 cours de musique par semaine et je suis très heureux de garder ce contact-là avec mes élèves. Je les adore !
LCV Magazine : Quel regard portez-vous sur l’humain en cette période ?
Pascal Emonet : Je suis heureux de ressentir la bonté et la beauté de tous les humains indispensables qui sont au front, voire qui se mettent en danger pour nous permettre de continuer à vivre.
Maintenant, j’espère vivement qu’au sortir de cette crise, le regard des instances dirigeantes à leur égard, ainsi que leur considération, sera de mise.
LCV Magazine : Comment appréhendez vous l’après confinement ?
Pascal Emonet : Je ne l’appréhende pas. Je vis le moment présent.
LCV Magazine : Qu’est ce qui vous manque le plus en ce moment ?
Pascal Emonet : Les rencontres, les gens, les bises, les hugs, les endroits de convivialité comme les bistrots ou les restos… Et les partages qui vont avec…
LCV Magazine :Quels « petits bonheurs » vous aident à tenir ?
Pascal Emonet : Mon trombone et mes élèves. Le fait de devoir me débrouiller par moi-même, aussi. Passer du temps avec ma chérie. Ecouter de la musique. Lire. Les apéros Skype, cette nouvelle expérience… ces nouvelles sensations, drôles et vivifiantes à la fois… Tout ça ce sont des petits bonheurs !
Merci à Alexandra Filliez pour ce nouvel entretien <3