Parmi ses séries récemment produites, Netflix propose la seconde saison de Flaked à consommer avec légèreté, pour y puiser un brin de simplicité qui contredit d’autres productions retourne-cerveaux aux écritures complexes.
Dans les déambulations de Chip (Will Arnett), joli californien quarantenaire bronzé, que l’on voit traverser le quartier de Venice à Los Angeles (un peu toujours sur le même axe) dans un sens puis l’autre, on assiste à la vie amicale et sentimentale d’un alcoolique repenti semble-t-il, puisqu’il participe activement aux fameuses réunions des AA (Alcoholics Anonymous).
On retrouve dans ce format, un éloge de la lenteur, peu retrouvée dans une série depuis les cinq sublimes saisons de The Wire (HBO). Ce qui est regrettable, de notre point de vue… Loin de nous l’idée de tenter une comparaison, puisqu’en matière d’écriture, les deux productions ne jouent pas dans la même cour. Mais Flaked marque isi un point : pourquoi compresser une réalisation et d’ailleurs sous quel prétexte abuser du scalpel en coupant tout ce qui dépasse sous prétexte d’efficacité, lorsque le beau cinéma devrait par définition s’étirer et se languir pour laisser libre-court à l’expression des aspérités ? On apprécie le tempo lent de Flaked, qui laisse un peu d’espace entre ce que l’on regarde et ce que l’on y projette de soi. C’est qu’il est parfois appréciable de stopper la course en avant, et surtout l’envie frénétique de remplir chaque petit bout de pellicule, cela sous n’importe quel prétexte.
En ce sens, laissons la critique dite intellectuelle se déchaîner sur Flaked, il est indéniable qu’un chef d’œuvre ne se déroule pas devant nos yeux. Néanmoins, l’air qui s’installe entre certains plans inutiles et d’autres plus esthétiques, permet à Dennis (David Sullivan), le personnage attendu du meilleur ami sympa et empathique, de se dessiner avec tendresse, et de gagner en épaisseur au fil de la narration. Avec toutes les facettes du type normal, qui ne paie pas de mine au départ, et auquel on s’attache. Certainement une volonté du créateur Will Arnett et personnage principal de la série, qui détourne ainsi l’attention d’une cible plus évidente, à savoir : lui-même. Un stratagème scénaristique plutôt touchant au final. En bref, voilà une série à regarder sous un ventilateur, pendant les vacances.
par Camille Martin
Création Will Arnett et Mark Chapell
Saison 1, première diffusion mars 2016 sur NETFLIX (6 épisodes)
Saison 2, première diffusion juin 2017 sur NETFLIX (6 épisodes)