Il était une fois, au pays du gangnam style, la fille du chef auto-proclamé de l’Eglise de la vie éternelle qui jouissait de pouvoirs sans doute surnaturels : elle trafiquait les influences.
Il était une fois, au pays du matin calme, l’héritière naturelle et spirituelle du confident de l’âme de la défunte mère de la présidente qui, sans doute inspirée par les forces des esprits, s’imposait comme conseillère occulte.
Il était plusieurs fois, au pays de Samsung et Hyundai, des millions de dollars qui empruntaient les voies, sans doute chamaniques, les conduisant dans les coffres de fondations pour le moins obscures.
Il était plusieurs fois, à Séoul, dans les zones d’ombre de la présidentielle Maison Bleue, une main, sans doute guérisseuse, qui réécrivait les discours et posait son doigt sur les nominations politiques.
Et il arriva, sous la présidence de la corruption, de la fraude et des abus de pouvoir, à une portée de missile de l’impitoyable Grand soleil du XXIe siècle, que des centaines de milliers de Sud-Coréens, sans doute sourds à la magie, descendirent dans la rue pour crier que le pays était à eux et manifester contre ce naufrage de la moralité politique en rappelant au passage celui du ferry Le Sewol, maintenu au fond des eaux par un pouvoir qui ne voulait pas voir éclater la simple vérité terrestre.
Il s’ensuivit qu’une présidente rigide et sous influence fut destituée, arrêtée et emprisonnée dans la vraie vie. Sa Raspoutine, dans la bousculade qui accompagna son arrivée au bureau du Procureur, perdit une de ses chaussures Prada.
C’est fou où peut aller se nicher le diable, tout de même…
Le Sanglier