Son mantra de conception est calme, méditatif et significatif. De descendance japonaise, il est né et a été élevé au Canada. Colin K. Okashimo a passé son temps à étudier l’architecture paysagère près de sa ville natale de Toronto, avant de s’installer en Asie pour plus de 33 ans. Au cours de cette période il étudie une maîtrise en beaux-arts, puis suit son doctorat à Londres.
Suscité par son étude spirituelle et sa méditation quotidienne, le but de ses œuvres est de créer des lieux de contemplation en visualisant des atmosphères sculpturales qui incitent à ralentir, à faire une pause, à se souvenir, à réfléchir et à trouver un sens. On pense à certaines de ses réalisations, inspirées de ses sculptures d’art : des hôtels, tels que le Halaveli, Maldives et Seychelles, la rénovation d’hôtellerie à Kuala Lumpur, l’appartement de haut de gamme à Singapour, à son dernier au Japon, en Italie et à Bali.
Quelle est votre définition de luxe?
Je n’utilise pas le terme «luxe» très souvent, c’est plutôt étranger pour moi. Ma définition serait un état de vie avec moins de distractions. Il y a tout un tas de choses qui vous emmènent loin de votre objectif, cela pourrait être le bruit, les gens qui essaient d’attirer votre attention à travers les publicités, même votre portable qui continue à interférer. Dans mon monde parfait, la forme d’indulgence serait de vivre une vie avec une distraction minimale, ou idéalement sans distractions.
Vous avez notamment un point de vue particulier sur le calme que vous essayez de générer dans chacun de vos travaux. Pouvez-vous partager vos réflexions avec nous?
En tant qu’architecte paysagiste, ce que je fais, c’est de créer un environnement. Je pense que le danger dans la création d’environnement calme est que les gens pensent qu’il est si calme, qu’ils s’endorment. Ils ne se rappellent pas ce qu’ils ont vu. Même en pensant que l’environnement est agréable, ce ne serait pas nécessairement mémorable. À ce point de départ, j’ai écrit mon livre que j’intitule “Provoking Calm – The Artworks of Colin Okashimo”. La raison de choix du mot ‘provoking’ pour le titre, c’est parce que d’une certaine manière c’est un oxymore: si c’est censé être calme, pourquoi le provoqueriez-vous? Ce que j’essaie de faire, c’est d’éveiller les gens au fait que le calme est important, et pour ce faire, on doit être provoqué. Par conséquent, mon objectif n’est pas seulement de créer un sentiment de calme, mais de le rendre suffisamment mémorable pour que les spectateurs ne l’oublient pas. Beaucoup de mes stratégies impliquent de transformer des environnements où il y a eu une sorte de perturbations –il aurait été secoué, il aurait été brisé, il aurait été divisé, il aurait changé—et puis il est réinstallé dans un nouvel emplacement et il fait de retour à son état de calme. Donc, quand vous y allez, ce n’est pas que le calme qui est projeté, on y trouve ainsi une certaine sorte de “moment” construit en elle. Selon cet aspect, mon travail consiste à créer ce calme «momentness», où l’espace est un état d’impermanence.
Et que pouvez-vous nous dire de l’impact positif du “calme” dans la vie? Pourrait-il affecter un changement au monde ou strictement personnel?
Je pense que le Dalaï-Lama dit très clairement que si nous faisons tous face à nos propres luttes et nous trouvons la paix intérieure, le monde entier serait en paix. Nous commençons avec les individus, pas avec le pays ou la guerre, mais avec les gens eux-mêmes en tant qu’êtres humains sur la terre, et le fait que nous sommes tous un. Si on pouvait ralentir, et être calme, en termes de prendre des décisions, de vivre la vie pleinement, si on était plus conscient de la façon dont on agit, et de l’impact les uns sur les autres, sur soi-même, et sur notre environnement, alors le monde serait meilleur. C’est une croyance bien comprise que tout commence avec le calme intérieur personnel, et je ne déroge pas trop de cette même notion de calme.
L’autre idée à citer est celle d’un autre artiste, Bill Viola, qui réalise l’art vidéo contemporain et qui a une notion de reprendre du temps. Je crois que si on vit en essayant de minimiser les distractions et en restant concentré, il y a des façons dont nous pouvons gagner du temps, faire travailler le temps, et ne pas perdre du temps. Les gens disent souvent que tout va si vite: «Qu’est-ce qui est arrivé à la journée? L’échéance arrive », « Qu’est-il arrivé à la semaine? C’est déjà vendredi », « Qu’est-il arrivé au mois? Qu’est-il arrivé à l’année? » La plupart est due au fait que leur vie n’est pas calme, qu’il y a plein de distractions, qu’ils ne peuvent pas rester concentrer, et qu’ils travaillent contre le temps, par rapport au temps qui travaille pour eux. Ainsi, toute la notion d’appel au calme est de reprendre le temps—pas celui qu’on a perdu, mais de ce que l’on gagne en étant plus conscients du moment et en minimisant nos distractions.
Vous avez récemment établi un bureau à Londres et à New York. Que pouvez-vous nous exposer vos projets en cours?
Oui, ces projets sont réalisés récemment, je pense qu’il y a un peu plus d’un an, et l’autre est moins de 9 mois. La raison pour laquelle nous les avons mis en place, c’est que je voulais juste savoir s’il y a une audience plus large pour mon travail. Et il se fait qu’il est très bien accepté. Nous sommes très heureux de trouver que ce n’est pas seulement en Asie que les gens veulent quelque chose qui est calme, significatif et mémorable, mais il s’avère être quelque chose dont ils ont besoin dans leurs villes aussi. La réception a été merveilleuse parce que nous sommes uniques et que nous sommes capable à proposer ce que les autres ne pouvons pas. En ce moment, nous travaillons sur l’hôtel Ritz Carlton au Japon, dans un site très important, car il est entouré d’endroits sacrés où il y a des temples, des montagnes et des lacs, ainsi que sur un bureau médical et un appartement de service à Singapour. Nous avons également des projets en cours en Italie, d’une résidence au Lac Maggiore, des résidences et un hôtel à Bali, qui nécessitent une grande dose d’intuition pour faire ce qui est juste pour tel environnement culturel et religieux
Discussion about this post