Pour Claudio Colucci, les formes évoluent sans cesse, offrant ainsi un infini de possibilités. D’origine italo-suisse, il a fait ses études en France. Doté d’une forte créativité, il a su apporter un souffle de gaîté, de sensualité et d’humour dans le design. Rigoureux et innovant, le créateur s’inspire de ses nombreux voyages, de la culture manga et des surréalistes –un mouvement que Claudio Colucci affectionne particulièrement. Touche à tout de talent, ses réalisations sont nombreuses, architecture d’intérieure, scénographie ou design d’objets perturbant quelques fois l’utilisateur tant leur fonction semble éloignée de leur aspect. Immersion dans un univers sensuel et étonnant.
Quels sont les objets dans votre demeure qui vous touchent particulièrement ?
Les histoires que cachent les objets plus que les objets en eux-mêmes, je ne suis pas très matérialiste ni même collectionneur ou fétichiste. J’aime que les objets passent sans jamais marquer définitivement le temps. Un mouvement d’objet perpétuel et inexorable comme le temps. Les objets qui me touchent sont par conséquent très éphémère , ils disparaissent ou sont renouvelés.
Qu’est ce que le design pour vous ?
Un voyage mais avec du style !
Selon vous les designers peuvent-ils être des artistes ?
Certains oui, mais pas tous. Le travail du designer peut être considéré comme à l’exact opposé de celui d’un artiste ou au contraire très proche voir égal et sans vouloir faire de l’ironie et prétendre que tout est art. Je parle donc d’une personne faisant une œuvre dans un sens artistique puis, définir qui est un artiste et qui est designer. La frontière n’est pas toujours très claire dans un sens comme dans l’autre car un artiste, aujourd’hui, n’est plus une personne qui maîtrise un savoir, une technique et souvent il délègue l’exécution de son travail à des artistes, artisans ou industriels voir même le public. Le designer confie la fabrication à un tiers. Mais si le designer décide de s’exprimer avec émotion, dans un contexte qui n’est plus une réponse à un besoin, dans un contexte de production industrielle, alors le designer est un artiste.
Qu’est ce que pour vous le « mauvais goût » ?
Une absence de poesie.
Comment définiriez-vous votre lieu de vie ?
Multiple et transitoire.
Qu’est ce qui est essentiel pour vous dans un intérieur ?
L’art d’assembler les objets les uns aux autres dans une fonctionnalité poétique. C’est à dire que l’usage de chaque objet doit transcender sa fonction pour créer de l’émotion.
Quels sont les objets qui vous touchent dans une maison ?
Absolument tout les objets, du sofa a la casserole, de l’ampoule au tapis, absolument tout les détails me touchent, je regarde tout mais surtout l’art avec lequel ils cohabitent ensemble.
Quels objets vous suivent à chacun de vos déménagements ?
Pas grand chose, car j’aime tout recommencer et je ne quitte jamais tout à fait un lieu. J’ai une maison dans chaque ville ou je travaille, je ne déménage donc pas grand chose.
Quelle est votre pièce préférée dans une maison ?
Toutes les pieces mais surtout le plan de chacune d’elle en fonction des autres pièces et la gestion du passage d’un espace à l’autre, mais également l’orientation des fenêtres et des terrasses, le cadrage de celles-ci sur l’horizon. J’aime aussi l’espace entre les pièces ou les objets, cet espace qui ne semble pas avoir été meublé.
Quels sont vos objets de désirs ?
Les objets un peu mystérieux, ceux qui semblent cacher une double identité, une double vie.
Quel a été votre dernier coup de cœur ?
Une photo grand format d’une baigneuse Japonaise, de l ‘artiste Lucille Reiboz. L’image confond la longue chevelure noir ébène d’une femme japonaise avec la roche naturel du onsen et se joue des reflets de l’eau. Magnifique !
À quoi ressemble votre chambre ?
A chaque ville sa chambre, mais d’une manière générale je suis assez minimaliste, je cherche la pureté des choses, donc une chambre fonctionelle mais généreuse avec une touche d’émotion.
Diriez-vous que les architectes d’aujourd’hui manquent de puissance ?
Absolument pas, bien au contraire, ce sont plutot les clients qui manquent de puissance. Aujourd’hui tout est possible en architecture, les seules limites sont celles des commanditaires.
Etes vous « fan » de High-tech ?
Ni oui, ni non. J’ai un pied dans le passé et l’autre dans le présent mais la tête dans le futur.
Quel usage en faites-vous ?
J’ai toujours un sketch book avec moi, mais également un I-phone qui me sert aussi, j’utilise les deux. Mais je prends souvent en photo mes esquisses dans mes bureaux ( Tokyo-Paris-Genève-Pekin-Shanghai). Je suis connecté à toutes mes agences grâce a mon I-Pad ou MAC, je dirige ainsi à distance le management ou la DA. On vit une epoque incroyable, ici et là, maintenant et tout de suite, tout est possible.
Parlons « Luxe, Calme & Volupté », que vous inspirent ces trois mots ?
Un tableau, un poème, la recherche du plaisir des sens, de tous les sens.
Quelle est votre définition du luxe ?
Avancer en ne faisant rien mais avec style.
Quel est votre luxe ?
Prendre le temps de …
Quel est le luxe dont vous ne pourriez vous passer ?
Le silence
Volupté et sensualité vont-ils de pairs pour vous ?
Oui, je dirais que la sensualité est un certain degré de volupté.
Que vous inspire le plaisir des sens ?
Mon métier de designer. Je m’occupe de transformer le monde en un meilleur monde et celui-ci n’est sensible que grâce à nos sens. Je fais donc en sorte que les sens soient un plaisir au quotidien.
Honoré de Balzac disait : « La volupté, comme une fleur rare, demande les soins de la culture la plus ingénieuse ». Qu’en pensez-vous ?
Je partage son avis… avec une dose de culture et d’ingéniosité proportionnelle à l’effet recherché.
Vos projets ?
Ouvrir une agence à Shanghai et y vivre quelques temps avec ma famille.
Sortie de son ouvrage en septembre prochain aux Editions Norma
Exposition à la galerie PERIMETER du 7 septembre 2012 au 31 octobre 2012
47 Rue Saint-André des Arts 75006 Paris – Renseignements : 01 55 42 01 22