Ancien joueur de rugby devenu réalisateur, Philippe Guillard venait de sortir son troisième “Papi Sitter“* (avec Olivier Marchal et Gérard Lanvin) peu avant le confinement, faisant 200 000 entrées en 10 jours. Loin d’être amer quant à la situation, le réalisateur regarde vers l’avenir et profite de son confinement pour peaufiner une nouvelle comédie dont le tournage avec Gérard Lanvin et Artus devrait démarrer en septembre si tout va bien et travailler sur un nouveau scénario.
LCV Magazine : Comment allez-vous Philippe ?
Philippe Guillard : Heureusement bien, comme tous les membres de la famille et les proches, donc soulagé pour l’instant.
LCV Magazine : Où êtes vous confiné ?
Philippe Guillard : J’ai eu la bonne idée de louer une maisonnette près de Jouy en Josas en octobre car j’en avais marre de Paris et du coup, on va dire que j’ai eu le nez creux. A Paris j’avais 30 m2, et là j’ai un grand jardin une terrasse, c’est pas le même confinement.
LCV Magazine : Comment vivez-vous votre confinement ?
Philippe Guillard : J’essaie de bien le vivre mais c’est pas facile. A titre personnel ça va, d’abord parce que je suis privilégié avec mon jardin, et ensuite, parce que mon métier d’écrire des films n’en souffre pas. En revanche, je le vis mal parce que je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui sont confinés à 5 ou 6 dans des petits appartements avec les enfants à occuper tous les jours et puis surtout, je pense à celles et ceux qui sont en première ligne dans les hôpitaux à se battre pour faire reculer ce p… de virus ainsi qu’aux familles de toutes celles et ceux qui ont déjà perdu un ami, un frère, une mère ou autres. Du coup, c’est difficile de ne penser qu’à soi-même et d’aller complètement bien.
LCV Magazine : Comment occupez-vous vos journées ?
Philippe Guillard : En fait, j’ai l’habitude d’être confiné pendant trois ou quatre mois quand j’écris un scénario et j’ai donc l’impression de passer les mêmes journées. Là, je fignole mon prochain film à tourner si tout va bien en septembre et je finis un autre scénario avec Fabien Onteniente. Et comme j’aime cuisiner, je passe mon temps à écrire et à cuisiner. Du coup je mets des challenges sur les recettes. Je joue à Top Chef. C’est mon fils qui se régale ah ah ah… En revanche ça fait 2 repas par jour depuis un mois, c’est-à-dire 60 repas et donc, faut varier les plaisirs. Comme disait ma mère, le problème n’est pas de faire la cuisine, c’est de la faire tous les jours…
LCV Magazine : Comment appréhendez vous l’après confinement ?
Philippe Guillard : D’un côté j’ai peur que cela laisse un traumatisme psychologique collectif et les gens ne se remettent pas de suite dans une vie sociale et heureuse. Mais surtout je crains bien sûr des répercussions économiques catastrophiques pour une grande partie de la population dont on va avoir du mal à se remettre. Je crains aussi des règlements de comptes avec la politique. Le peuple qui déjà n’en peut plus, va demander des comptes, sur les moyens mis en œuvres par notre gouvernement pour enrayer cette pandémie et leur manière d’être très vraiment absent. Et d’un autre côté, les gens s’aperçoivent au fil des jours où se trouve l’essentiel, la famille, l’amitié, la solidarité, les valeurs reviennent à leurs sources. Donc c’est comme tout, y aura des grandes leçons à tirer et du négatif aussi. La seule chose qui est sûre, c’est qu’il y aura un « avant » et un « après » coronavirus.
LCV Magazine : Quels « petits bonheurs » vous aident à tenir ?
Philippe Guillard : Mon fils est compositeur de musiques de films et de documentaires. Son studio est au-dessous du bureau où j’écris… C’est une sensation particulière d’entendre ses musiques en même temps que j’écris. Et ma fille aussi, qui a déjà son bac ( 17 de moyenne en Terminal ES). Je la chambre grave, elle sera la seule de la famille à ne pas l’avoir passé, donc je lui dis que ça vaut rien !!!
Merci à Carole Schmitz pour cet entretien passionnant !
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