Satanés mondes contradictoires se disait le pigeon bizet qui se rêvait palombe mais devait faire avec l’inconfort de sa triste condition de rat volant. Assoiffé de majestuosité, desséché par l’incohérence de sa réalité, a coups de bec il gravait « ramier »sur les murs qui le cernaient. Mais quoi qu’il fasse, il resterait bizet, moins que mediocre, même pas gibier bien que faisandé depuis la naissance. Ce paradoxe endogène lui rendait à chaque instant le cuir sale, le crin terne, l’haleine fétide et l’humeur fienteuse.
J’en ai assez de migrer de vomis en ordures, je voudrais tous vous pourrir, vous crever les yeux et d’abord ceux de ce chat, derrière la fenêtre. Je n’en peux plus de ses caquètements ridicules et de ses claquements de dents.
Bénies soient les délicieuses tension internes de ma pensée confiait le chat à ses muses félidées. Je suis le Bernard Dimey des felis silvestris catus « passant ma vie comme un roi nègre, superbement désargenté, allant de l’élite à la pègre, sans me plaindre ni me vanter ». Je ne possède rien et je jouis de tout, je rêve lynx, panthère et mange du top croquettes, je m’extravague tueur et suis petit chat, minou minou, ronron câlins. Où ça la distorsion ? Quelle dissonance ?
N’empêche je m’en débarasserais bien bien ce roucouleur de malheur qui trouble mes chasses rêvées et mes traques fantastiques. En plus, il va souiller toutes les vitres. J’exècre les miasmes qu’il dégage.
Alors ?
Alors, sans doute que, dans sa grisitude de béton, le pigeon n’a pas l’esprit plus torturé que ça et qu’il est en train de mentir, enfin…de se mentir parce que tout le monde s’en fiche de ses problèmes existentiels.
Alors, peut-être que, tout simplement, le chat ne fait pas davantage que se persuader que depuis là bas, depuis leurs tropicales et boréales libertés, ses frères des forêts le voient et le reconnaissent comme des leurs.
Donc ?
Donc, ma brave dame, mon brave monsieur, soyez rassurés quant à l’état des fonctions de votre esprit puisque l’ovni de la dissonance cognitive peut également tourner les cervelles d’oiseaux et défriser les moustaches des tigres d’appartement.
Imaginez quand nous en serons à la disruption cognitive…
Et, comme à la fin c’est le lynx et la panthère qui ont devoré le rat volant, on peut penser que c’est le chat qui était dans le vrai.
Essayons de nous en souvenir.
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