Nous publions une seconde fois, en Une de notre magazine, l’entretien accordé il y a un an par la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale, qui avait alors accepté de nous parler du Colonel Arnaud Beltrame, au lendemain de la cérémonie d’hommage national, organisée depuis les Invalides, à Paris. Le Président Emmanuel Macron, avait prononcé l’éloge funèbre de l’officier Arnaud Beltrame, âgé de 44 ans, louant “l’esprit français de résistance”.
LCV Magazine : Que pensez-vous de l’hommage national rendu ce matin par la Nation au Colonel Arnaud Beltrame, suite à son décès sacrificiel lors de son intervention pour circonscrire une action terroriste, le 23 mars 2018 ?
Direction Générale de la Gendarmerie Nationale : Cet hommage de la Nation à l’endroit du colonel Arnaud Beltrame est une reconnaissance de l’action extra-ordinaire et héroïque de cet officier de gendarmerie qui a fait montre le 23 mars, mais aussi tout au long de sa carrière, d’un courage et d’un sens du devoir exceptionnel. Il était important que cet hommage lui soit rendu.
LCV : Comment avez-vous appréhendé le discours du président Emmanuel Macron, et qu’avez-vous entendu entre les lignes ? Plus concrètement, en quoi consiste la stratégie anti-terroriste gouvernementale ? Est-ce qu’elle change de direction ?
GN : Le discours du président de la République a mis en lumière deux qualités qui tenaient à coeur au colonel Arnaud Beltrame et dans lesquelles se retrouvent l’ensemble des militaires de la gendarmerie: “l’exemplarité du chef” – il n’aurait laissé sa place à personne – et le sens de l’engagement. Par son action, Arnaud Beltrame a donné un sens à “l’engagement de servir et de protéger (qui) peut aller jusqu’au sacrifice suprême”.
LCV : Les français unis dans le chagrin, parlent pour la plupart d’un héros s’agissant d’Arnaud Beltrame ? Êtes vous satisfait par cette dénomination et en ce sens, pouvez-vous nous expliquer ce que signifie profondément l’engagement d’un militaire de la Gendarmerie ?
GN : La gendarmerie n’existe pas pour elle-même mais pour les femmes et les hommes qu’elle protège chaque jour. Les militaires de la gendarmerie sont engagés quotidiennement au service de la population et oeuvre avec détermination pour la sécurité de toutes et tous. C’est le sens du devoir et le sens de notre engagement.
LCV : Est-ce que tout gendarme, confronté à une situation de crise aiguë comparable à celle du 23 mars dernier, peut-être amené à se substituer à un citoyen qui serait la cible potentielle d’un terroriste ?
GN : Face à une situation extrême, chaque gendarme ne dispose que de quelques secondes pour prendre la décision qui lui semble la plus opportune aux regards de ses valeurs, de ses compétences, de son vécu mais aussi et surtout du contexte, du terrain, de l’adversaire et de la réalité de la crise. Il n’y a pas de solution dictée ou idéale : il y a une intelligence de situation. En l’espèce, le colonel Beltrame a considéré que de se substituer à une personne prise en otage était la meilleure décision pour lui sauver la vie et gérér au mieux cette situation de crise.