DJ – Don Juan Tenorio, Dom Juan, Don Giovanni, Don Juan… – revient hanter l’univers contemporain pour faire ses fredaines. Mais le contexte a changé et l’auteur de cette pièce – Gérard Savoisien – pose une nouvelle équation. Nos contemporaines sont beaucoup plus libres et l’acte de séduction ne suffit plus pour attirer autrui et le prendre dans ses filets. De nos jours, l’ombre propice aux amours cachées a été remplacée par l’étalage médiatique. Plus ennuyeux encore, la crise étant passée par là, DJ a perdu son fidèle valet et souffre-douleur, Sganarelle. David Arveiller interprète ce rôle sur-mesure avec finesse et talent, pour 25 représentations du 8 au 31 juillet 2011 au théâtre du Bourg-Neuf, en Avignon (Festival Off). Courrez-y !
Entretien avec Gérard Savoisin, metteur en scène et auteur de nombreuses pièces, dont « Prosper et George » créée en 2010 au Lucernaire à Paris et repris au La Bruyère pour un grand succès, mérité selon la critique.
Gérard, comment est née cette pièce ?
Je ne connaissais pas David Arveiller. On m’avait invité à voir un spectacle où il jouait Dreyfus, le mal aimé. J’ai aimé son jeu, sa douceur et sa puissance, sa retenue et son exaltation. Je le lui ai dit avec les mots maladroits qu’on a en coulisse après une pièce, quand tout se bouscule, émotion et joie. Poussé par Cathie Simon-Loudette, il m’a par la suite appelé en me disant : «Je cherche quelqu’un qui m’écrive un one man show». Nous avons parlé. Et nous nous sommes trouvés, tout simplement. J’ai tout de suite pensé à Don Juan. Il était là devant moi, fragilité et force mêlées, sympathie des tendres et antipathies des durs, à moins que ce ne soit le contraire. Il était là, puissant et beau. De tout temps. Et en même temps de son époque, Don Juan à la recherche de son identité.
Vous parlez d’un One Man Show ?
Je ne lui ai pas écrit un one man show, mais une pièce pour un homme seul. Je lui ai écrit le Don Juan qu’il est tout au fond de lui-même. Et puis j’ai eu l’idée que son faire valoir, Sganarelle, l’avait abandonné. Plus personne n’est là pour faire sa pub ou sa contre-pub. Or, nous sommes à une époque ou le faire-savoir est devenu plus important que le savoir-faire…
Vous avez découvert le spectacle aux avant –premières à Drancy. Quelles sont vos impressions ?
J’ai été très ému par ces avant-premières. David est formidable et alterne les moments drôles avec ceux plus grinçants. Il sait aussi apostropher le public, sans vulgarité. Seul en scène, il est multiple. Eric Rouquette a fait un vrai travail de metteur en scène, discret mais essentiel. C’est subtil et évident. Les éclairages sont très réussis. Tout cela donne un spectacle intelligent mais très accessible. Pour moi, une grande joie. Et ma foi, le public n’avait pas l’air mécontent non plus !