Sur grand écran Catherine Marchal incarne des rôles souvent obscurs et pourtant au quotidien elle est la joie de vivre et la sensibilité personnifiées. Heureuse mère de 4 enfants, épouse comblée, comédienne accomplie, loin des stéréotypes classiques du cinéma français, elle suit sa route à sa guise et assume ses choix en cultivant humour et sincérité. Après 2 saisons au théâtre des Mathurins, elle s’apprête à partir pour le Festival d’Avignon avec « L’histoire d’une femme qui voulait un enfant » une pièce de Carlotta Clerici, mise en scène par Nadine Trintignant. Rencontre…
Après 2 saisons au Mathurins, votre actualité affiche la reprise en Avignon de la pièce “Ce soir j’ovule”, un titre un peu « osé » pour certains, qui a finalement été remplacé par : “L’histoire d’une femme qui voulait un enfant.…”
Catherine Marchal : En effet, le sous-titre est devenu le titre, car nous n’avons pas réussi à imposer le titre original qui était important pour l’auteure, Carlotta Clerici qui est italienne, -et en italien ce titre n’a aucune connotation graveleuse-, car il résume parfaitement ce que la pièce raconte, lorsque le personnage ovule le monde s’arrête. Malheureusement, en France, cela fait trop café-théâtre, et freine l’intérêt des gens, on a tout de suite l’impression de quelque chose de vulgaire, alors que ce n’est absolument pas le cas. Par ailleurs après Avignon, j’emmène cette pièce en province à partir de Janvier 2012, et je ne voudrais pas heurter la sensibilité du public.
Comment cette pièce est-elle tombée entre vos mains ?
L’auteure est une amie depuis 10 ans, et abstraction faite de notre amitié, j’aime beaucoup son écriture. Comme c’est le cas de nombreux comédiens, je cherchais une pièce, je me suis donc adressée à elle en lui demandant si elle avait une pièce à deux personnages à me proposer – car à ce moment là, je voulais partager la scène avec quelqu’un-. Elle m’a répondu qu’elle n’avait rien et qu’elle travaillait sur un monologue mais pas vraiment fait pour le théâtre. J’ai tout de même eu envie de le lire et je comprends tout de suite qu’elle parle d’elle et de son combat pour devenir mère. J’avoue qu’à la lecture de ce texte, je me suis effondrée, car jusque là, je n’imaginais pas ce par quoi elle était passée. J’ai aimé le recul avec lequel elle a parlé de cela. Et malgré ma réticence à monter seule en scène, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de ce texte, quelqu’en seraient les conséquences. Bien entendu je l’ai retravaillé afin d’adapter les mots à ma bouche. Et puis c’est un sujet qui parle au plus grand nombre.
Comment c’est fait le choix de Nadine Trintignant pour la mise en scène ?
J’avais au départ l’accord de Didier Long, que j’adore. Mais au final son emploi du temps était trop chargé et nous avons décidé que nous nous retrouverions sur un projet ultérieur. J’ai donc pensé à Nadine Trintignant que je connais depuis longtemps et que j’admire beaucoup. Je savais parfaitement ce que je voulais, j’avais juste besoin de quelqu’un qui soit pour moi un miroir, Nadine n’avait jamais fait de mise en scène de théâtre et c’était parfait pour moi, car elle avait ce regard neuf, ce regard de cinéaste.
Au final, avez l’impression qu’en devenant une affaire de femme, il a été plus facile pour vous de porter ce projet ?
Non, cela n’a rien à voir. Comme je vous l’ai dit, je souhaitais au départ que la mise en scène se fasse par un homme justement. Je ne voulais pas que cela devienne une affaire de femme. Nadine, même si elle aime beaucoup les homes, est aussi connue pour être une grande féministe, et elle a tout fait pour que le personnage de l’homme dans la pièce soit très sympathique. Elle a tout fait pour m’empêcher de le rendre grotesque et ridicule. Elle a un regard sublime sur la femme et couple. Et possède un incroyable bon sens populaire. Nadine n’est pas une intellectuelle au sens premier du terme, mais c’est une femme très intelligente, et il me fallait cela.
Que vous a apporté cette pièce ?
Disons que cela a beaucoup change le regard de gens qui ne me connaissaient que par le cinéma. Et tout à coup je donne à travers cette pièce l’image oppose de celle qu’ils peuvent connaître. Cela m’ouvre d’autres perspectives.
Quel est le regard de la mère que vous êtes sur le parcours souvent difficile des ces femmes qui luttent pour avoir un enfant ?
Ce qui m’a particulièrement étonnée en lisant cette pièce pour la première fois, c’est d’avoir tout de suite ressentie ce que le personnage –en l’occurrence l’auteure- avait pu ressentir. Je n’ai pas été étonnée de ce qu’elle avait pu écrire, même si techniquement je n’avais aucune idée jusqu’alors de comment se passaient les choses en pareil cas. Et je me suis presque sentie investie d’une mission, car avoir eu des enfants avec autant de facilité que j’ai pu avoir les miens était un vrai cadeau.
« L’histoire d’une femme qui voulait un enfant »
Du 8 au 31 juillet 2011
Théâtre LA LUNA
1, rue Séverine. 84000 Avignon
Renseignements et Réservations
04 90 86 96 28
www.theatre-laluna.fr
contact@theatre-laluna.fr