Le photographe Nicolas Buisson aime la diversité dans l’espace. Et pour prendre ses clichés intrigants, il mêle son instinct d’homme avec l’art de la mise en scène et de l’architecture. Témoin privilégié de lieux exceptionnels qu’il perçoit toujours avec un regard personnel, il nous ouvre les portes de son travail et nous en dévoile certaines clés pour l’apprécier encore et toujours plus. Décryptage d’une série de photographies par l’artiste.
Nous sommes dans un endroit extraordinaire. Starck est à l’origine de toute la décoration de ce restaurant qui appartient à Madame Lan, une très grande famille de Pékin. A l’exception de ce lustre qui est l’œuvre d’un artiste mexicain. Il se sert d’objets de récupération, trouvés dans des poubelles et les fait évoluer dans une autre dimension.
Cette photographie représente le luxe dans toute son ampleur. Duchamp disait “L’artiste n’est qu’un medium aveugle face à la toute puissance de l’oeuvre” (Lettres sur l’art et ses alentours 1916-1956). De toute évidence, Guido Mocafico, le géant de la photo de luxe, influence mon travail. J’ai été son assistant pendant quelques années. Grâce à lui, j’ai découvert le plaisir dans la photo de publicité, rendre un objet ou un endroit encore plus expressif, le mettre en scène, lui donner des airs d’interdit.
J’étais en chine l’année dernière pour le défilé Fendi qui avait eu lieu sur la grande muraille. J’entends parler du restaurant de Madame Lan et je décide d’y aller. Une fois sur place, la magie opère. Luxe et architecture dans le même cadre de vue. Une heure et demie pour faire toutes les photos, une heure et demi de pure plaisir !
Dans le processus de création que je mets en place, mon instinct prend forcément le dessus. Avoir un feeling spécial avec cet endroit, être témoin du lieu, être dans un tout autre monde et le faire transparaître l’œil collé à l’objectif. J’aime l’ordre et le côté strict que révèlent mes photos. Tout est cadré, tout est décidé d’avance. Les chaises sont en ordre, rien ne dépasse, la lumière joue de ses éclats, je cadre, la photo est prise.
Nicolas Buisson > PHOTOGRAPHIE 3
Nous sommes à Hua-Hin à 2 heures au sud de Bangkok. Cet endroit nommé le Barai est une expérience spa. Le Barai est le nom donné aux bassins de retentions d’eau en Birmanie. C’est un endroit particulier où se confrontent des dédales de couloirs, des labyrinthes, des jets de couleurs et de luminosité assez impressionnantes. Les bassins très peu profond créent à la lumière de la nuit une ambiance étrange, comme une intrigue que l’on a envie de découvrir. Ce spa existe comme une œuvre d’art, il est le symbole d’un endroit atypique. J’ai voulu rendre cette photo déstabilisante, que les personnes qui la regardent se posent la question de ce que c’est, jouer sur le côté luxueux et intriguant.
Nicolas Buisson > PHOTOGRAPHIE 4
Je suis l’observateur de cet endroit peu commun et j’ai emmagasiné un milliard de choses en moi. Je sais que c’est beau parce que c’est ce que je ressens. J’aime jouer avec l’idée de beauté et de pureté qui définit cet endroit. L’entrée du Barai. La lumière attire, l’endroit intrigue. Comment cadrer une telle photo ? La photo révèle un côté très “architecture”, elle est à l’image de mon envie qui passe par la nécessité de s’imprégner de la lumière, de se laisser influencer par l’atmosphère du lieu.
Nicolas Buisson > PHOTOGRAPHIE 5
Cette photo est une totale mise en scène d’objets de luxe. Elle fait partie d’une série réalisée pour le magazine de luxe Spring (Trimestriel de luxe gratuit). Le thème est ” Fears “, à moi d’étonner. Contraster avec des lumières dures, des ombres, une ambiance un peu glauque, un produit totalement luxueux : une paire de chaussure Louboutin, une boucle d’oreille Chaumet au coeur d’un crâne, le tout mis en scène dans un cabinet de curiosité. Je me suis fait plaisir en prenant cette photo, j’ai entièrement carte blanche lorsque je travaille pour cette parution, je crée ce que j’ai dans la tête. Je joue avec mes idées, ma conception de l’image lorsque je déclenche mon appareil.
Nicolas Buisson > PHOTOGRAPHIE 6
Le produit tel qu’il est présenté doit faire rêver, on doit avoir envie de le posséder. Les femmes qui liront ce magazine, qui verront cette photo auront ce sentiment d’être différentes des autres, de d’avoir accès à quelque chose de très luxueux dans une atmosphère qui détonne. Si ma photographie parvient à séduire, toute la mise en scène prend son sens. Avec cette idée de recréer un monde a part et de laisser la photo prendre toute son ampleur.
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